Suivis scientifiques
Chauve-souris
Chauve-souris
Afin de suivre l’évolution de la biodiversité sur le territoire de la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, le Parc naturel régional de Chartreuse, gestionnaire du site depuis 2001, suit depuis plusieurs années les populations de chauve souris dans certaines grottes.
LES CHAUVE-SOURIS … SENTINELLES DU CLIMAT
En effet, outre le fait que ces espèces sont protégées à l’échelle nationale, les chauve- souris sont également de bons bio-indicateurs qui peuvent être révelateurs des impacts du changement climatique. L’augmentation des températures peut générer divers impacts : certaines espèces peuvent s’en trouver affectées de manière négative et sur le long terme (conditions physiques, reproduction, etc), d’autres peuvent en bénéficier. Seul le suivi régulier d’un site durant plusieurs années permet d’avoir une vision globale sur ces évolutions de populations.
Les populations de chauve-souris de la grotte du Mort-Rû, située dans le cirque de Saint Même (commune de Saint Pierre d’Entremont (73) est suivi par les naturalistes depuis plusieurs années. Actuellement, 23 espèces (sur les 29 dénombrées en Savoie et en Isère) sont connues sur la Réserve. En 2016, une étude sur les phénomènes de regroupement et de copulation automnale des chauve-souris a permis de mettre en évidence la présence de 20 d’entres elles sur la grotte du Mort-Rû (données hivernales et captures en période de transit automnal). Cette étude s’est poursuivie pendant plus de 2 mois avec la pose d’un enregistreur d’ultra sons (sons émis par les chauves-souris lors de leurs déplacements) et par la réalisation de deux captures (toutes les chauves-souris étant protégées, leur capture est soumise à dérogation préfectorale). Cette étude a été réalisée par O. Sousbie (Mélica – Natura SCOP) et C. LeBarz, avec l’appui de bénévoles du Groupe Chiroptère Rhône-Alpes (Groupe thématique de la LPO Rhône-Alpes) et grâce à des financements de la Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse.
La barbastelle d’Europe est l’espèce de chauve-souris phare de ce site. C’est une chauve-souris de taille moyenne. Elle se nourrit majoritairement de papillons nocturnes. Les colonies se situent majoritairement en bâtiment (bardage, volet, …) et elles hibernent en cavité. La barbastelle, bien que plutôt commune en Chartreuse et en Avant-Pays Savoyard, est classée en Annexe II de la Directive Habitats et Quasi Menacée sur la liste Rouge mondiale. La grotte du Mort-Rû est utilisée pour son hibernation, ainsi que pour sa reproduction. En effet, elle est le deuxième plus grand site d’hibernation connu à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes et le plus important des sites de regroupement automnal connu. Les chauves-souris ont un mode de reproduction unique dans le règne animal. Les adultes copulent généralement à l’automne. La femelle conserve le sperme dans une poche pendant tout l’hiver pour s’autoféconder au printemps. L’étude a démontrée que plusieurs centaines, voir milliers de barbastelles fréquentent ce site.
La grotte du Mort Ru présente donc un intérêt majeur à l’échelle des départements d’Isère et de la Savoie pour la conservation de leurs populations.
Cette étude a aussi permis de mettre en évidence la fréquentation de la grotte du Mort-Rû par 8 nouvelles espèces. Deux d’entres elles, dont le petit Murin (espèce classée en Annexe II de la Directive Habitats et classée En Danger sur la liste rouge de Rhône-Alpes), n’étaient pas encore connues sur la Réserve Naturelle Nationale des Hauts de Chartreuse.
Toutes les chauves-souris sont protégées par la loi française. La grotte du Mort-Rû est essentielle à la conservation de leurs populations, il est donc important de respecter leur repos. Amis spéléologues ou simples promeneurs, merci de respecter quelques règles lorsque vous fréquentez ce lieu, notamment en hiver et à l’automne :
– en hiver, une série de réveils intempestifs peuvent provoquer la mort des individus. Admirez la grande salle mais en évitant d’éclairer trop longtemps le plafond et en respectant la quiétude des lieux
– à l’automne, sans copulation, il n’y a pas de naissances l’année d’après. Les populations de chauves souris sont sensibles au dérangement. Si une chauve-souris peut vivre longtemps (moyenne entre 10 et 20 ans selon les espèces avec un record à 41 ans), presque la moitié des jeunes meurent avant d’atteindre un an. Merci d’éviter toute fréquentation nocturne de la grotte entre les mois d’août et d’octobre. En journée, merci de respecter la quiétude des lieux.
* crédit photo : Sousbie Olivier