Histoire
La frontière Savoie / Dauphiné
La frontière Savoie / Dauphiné
Au Moyen Age, le massif de Chartreuse se trouve dans une zone de contact entre le comté de Savoie et le Dauphiné.
De nombreux châteaux, de terre puis de pierre, et maison fortes, détenus par le dauphin, le comte de Savoie ou leurs vassaux, sont édifiés afin de mieux asseoir leur pouvoir politique et militaire sur leur territoire respectif. Certains châteaux, élevés sur une proéminence naturelle, ont développé à leur pied des bourgs castraux protégés d’une enceinte fortifiée : Les Echelles, Miribel, Les Marches, Saint-Laurent-du-Pont, Voreppe… Des villeneuves, dotées d’une charte de franchise (privilèges juridiques, fiscaux, économiques et militaires), sont créées plus tardivement, aux 13ème s. et 14ème s., au détriment de bourgs castraux primitifs (Saint-Laurent-du-Pont, Voreppe…).
Des enclaves savoyardes en terre dauphinoise (Miribel, Saint-Laurent-du-Pont, Tolvon…) génèrent de nombreux conflits, qui prennent fin avec le traité de Paris, conclu le 5 janvier 1355 : des terres sont échangées, des châteaux cédés, les enclaves savoyardes abandonnées au Dauphiné et le Guiers défini comme frontière… Mais l’absence de précision concernant le cours du Guiers – Guiers Mort ou Guiers Vif – entraîne de nouveaux conflits. La question dite « de l’Entre-Deux-Guiers » ne sera définitivement réglée que le 24 mars 1760 par le traité de Turin : le Guiers Vif sera alors reconnu comme frontière entre la France et la Savoie et un bornage mis en place. Des bornes en pierre calcaire, portant les emblèmes de la France et de la Savoie, témoignent de cette ancienne frontière d’Etat, devenue simple limite départementale lors de l’annexion de la Savoie à la France en 1860. On peut en voir sur la Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse, du Pas de l’Echelle au Pas de la Rousse (flancs du vallon de Pratcel), sur l’alpage de l’Alpette de la Dame et au Pas du Fourneau.
Dans les paroisses situées de part et d’autre de la frontière, des postes de douane ou de simples brigades y sont établis, afin de surveiller la contrebande, dont le Guiers Vif est le théâtre. Tabac, sel, indiennes… font le commerce des contrebandiers. Signalons les passages du célèbre brigand, Mandrin, entre la France et la Savoie par le massif de Chartreuse.